La pratique
La pratique régulière de la pleine conscience est au cœur de la démarche. C'est par l'expérience concrète de la mindfulness qu'on l'apprend et qu'on peut en retirer des bénéfices tangibles.
On n'apprend pas à rouler à vélo en lisant un manuel d'utilisation !
Des exercices de méditation formels, c.-à-d. guidés en groupe ou chez soi comme le balayage corporel, et informels, c.-à-d. pratiqués dans la vie de tous les jours comme s'observer en train de manger, servent d'entraînement au développement de la pleine conscience.
Les exercices formels, généralement plus longs que les exercices informels, sont nécessaires à l'apprentissage de la méthode. Ils apprennent à « faire ses gammes », à observer les variations de son expérience dans le temps, à stabiliser son esprit et à développer patience, persévérance et tolérance par rapport à son expérience vécue. Ils permettent d'apprendre à changer sa relation à son expérience : l'observer et l'accueillir
Les exercices informels dans la vie quotidienne sont le prolongement naturel et nécessaire des exercices formels. Ils sont l'occasion privilégiée de mettre en application les enseignements dans la vie réelle, en particulier dans des situations difficiles sur le plan émotionnel.
Une pratique régulière est recommandée. Durant, la phase d'apprentissage et d'entraînement, il est demandé 40 minutes (beaucoup moins chez les enfants et adolescents) de pratique quotidienne environ 6 jours sur 7. Pour beaucoup, cette recommandation est difficile à atteindre et demande une volonté sans cesse renouvelée. Cette recommandation doit être comprise comme telle : une recommandation et non comme un impératif rigide. Chacun est invité à faire du mieux qu'il peut tout en respectant ses limites et ses engagements.
Après la phase d'entraînement, la durée de la pratique est laissée à l'appréciation de chacun, suivant ses besoins et ses disponibilités. Néanmoins, mieux vaut pratiquer régulièrement un peu (par exemple, 10 à 15 min. par jour) qu'irrégulièrement longtemps (par exemple, plus de 3O min. une fois par semaine).
La qualité de la pratique, c.-à-d. l'état d'esprit dans laquelle on pratique (porter volontairement son attention sur l'expérience ici et maintenant, le mieux possible, avec la plus grande ouverture possible à l'expérience telle qu'elle est, sans chercher à la modifier ou s'y accrocher) est aussi, voire plus important, que la durée des exercices pour en tirer des bénéfices psychologiques. Mieux vaut court et centré que long et dispersé.
Fausses croyances
La pleine conscience est synonyme de méditation
La pleine conscience est une pratique méditative parmi d'autres. Elle se différence des autres notamment par son utilisation à des fins purement psychologiques. Elle est exempte de dimension mystique ou religieuse.
La pleine conscience est une forme de relaxation
La pleine conscience n'a pas pour objectif de détendre le corps ou de calmer l'esprit. La détente survient ou pas mais elle n'est pas activement recherchée.
La pleine conscience développe la capacité à observer et à accepter son expérience telle qu'elle se déroule instant après instant. Cette ouverture à l'expérience entraîne généralement une attitude de non crispation et de curiosité, voire de contemplation, pour son vécu. Cet état d'esprit favorise généralement le laisser-aller et la détente. Par ailleurs, le maintien de l'attention sur des objets comme le corps, la respiration, les sons,... induit souvent un état de relâchement propice à la détente. Il n'en reste néamoins vrai que tout un chacun peut expérimenter des moments de grandes tensions émotionnelles et d'inconfort pendant des exercices de pleine conscience. Ces expériences ne signifient absolument pas que la pratique est mal faite ou nocive.
La pleine conscience est bouddhiste
Même si son inspiration est issue de pratiques méditatives bouddhiques, La pleine conscience n'est pas en soi bouddhique. C'est une méthode de régulation émotionnelle. Elle n'a pas d'orientation philosophique, morale ou religieuse en tant que telle. La capacité de pleine conscience est au cœur de ce qui fait notre humanité et on trouve des pratiques de pleine conscience dans pratiquement toutes les traditions spirituelles. La pleine conscience appartient clairement au patrimoine mondiale immatérielle de l'humanité.
La pleine conscience n'est pas compatible avec des croyances religieuses
La pleine conscience n'est pas inféodée à un système de croyances spirituelles ou religieuses. Par conséquent, a priori elle est compatible avec toutes les formes de croyances, y compris l'agnosticisme ou l'athéisme.
La pleine conscience soigne les maladies physiques
Il n'est pas établi que La pleine conscience ait une action directe sur les affections physiques. Elle peut concourir à soulager la détresse éprouvée lors de maladies. Dans certains cas, cette diminution de la détresse et du stress peut avoir des répercutions physiques bénéfiques. En cas d'affections physiques, un suivi médical est nécessaire. La pleine conscience n'est qu'un adjuvant psychologique.
La pleine conscience cultive l'égoïsme
La pleine conscience est une méthode qui développe l'ouverture à soi et aux autres. Elle cultive la patience, la persévérance et la tolérance pour son expérience et celle d'autrui. Par exemple, elle peut être utilisée en thérapie de couple pour rendre les partenaires plus compréhensifs et empathiques l'un envers l'autre.
La pleine conscience ne donne des résultats qu'après de nombreuses heures, voire années, de pratique assidue
La pleine conscience peut déjà donner des résultats bénéfiques après quelques heures de pratique bien menées. Le perfectionnement de la méthode par une pratique régulière peut apporter des bénéfices supplémentaires. Une pratique assidue de quelques minutes est un excellent début (cf. la rubrique sur la pratique).
La pleine conscience ne peut être apprise qu'auprès d'un grand maître spirituel
La pleine conscience peut être apprise efficacement auprès de professionnels de la santé formés à La pleine conscience et à son enseignement. Un certificat universitaire de formation est un gage de sérieux du formateur.
La pleine conscience doit être pratiquée sur un zafu ou un banc de méditation
La pleine conscience peut se pratiquer couché, assis ou debout, en position statique ou en marche. Le support n'est pas important. La pleine conscience peut se pratiquer sur une simple chaise. Une chaise ergonomique est sous doute la meilleure option. Ce qui importe, c'est de privilégier le confort et la stabilité. Assis, on adopte une position droite, digne et non raide. Cette posture corporelle d'ouverture incarne l'attitude mentale de pleine conscience à l'expérience.
La pleine conscience est réservée aux adultes
La pleine conscience se pratique avec des personnes de tous les âges. Il faut juste que la personne soit en mesure de se centrer sur son expérience.
La pleine conscience est une forme de psychothérapie
La pleine conscience est plus un outil de prévention que de guérison. Elle permet de prévenir l'apparition de difficultés psychologiques, leur récidive ou leur aggravation. Néanmoins, il est possible et parfois judicieux d'utiliser en thérapie des interventions psychologiques basées sur La pleine conscience. Dans ce cas, la thérapie recourt à des exercices de pleine conscience et à d'autres techniques et stratégies thérapeutiques non apparentées à La pleine conscience.
La pleine conscience peut traiter tous les problèmes psychologiques
La pleine conscience a fait la preuve d'une certaine efficacité pour certains types de difficultés psychologiques (cf. les indications) mais pas pour tous les problèmes psychologiques. Ce n'est pas une panacée. Il existe d'autres interventions psychologiques qui ont fait leur preuve et qui devraient être préférées à La pleine conscience dans la prise en charge de certains troubles. Il existe aussi des contre-indications (cf. les contre-indications), du moins quand La pleine conscience est apprise en groupe.
La pleine conscience doit se pratiquer dans le silence, quand on est serein
Pour débuter, il est beaucoup plus aisé de s'entraîner au calme et quand son esprit n'est pas trop agité. Néanmoins, La pleine conscience peut être pratiquées quelles que soient les conditions extérieures (bruit,...) et les états internes (agitation, fatigue, cafard,...). En effet, La pleine conscience apprend à s'ouvrir à l'expérience du moment présent, sans chercher à la modifier d'une quelconque façon.